Article / interligne 2°partie.

Lecteurs de Bagdad

Interligne, 2è partie

Auteur : Marie AGUETTANT
Date de publication : 12/06/2007

Sylvyane Husin-Lambert est la Présidente de l'association Lecteurs de Bagdad. Bénévoles et adhérents, tous restent mobilisés malgré les difficultés. Parlons d'avenir.

Quelle est votre actualité?

Puisqu’il nous est impossible d’agir sur le terrain, nous avons décidé de développer des actions culturelles lors des "Rendez-Vous de Mars", à La Rochelle. A travers cette manifestation nous nous efforçons d’inviter chaque année des créateurs ou acteurs irakiens de la culture et donc de l’éducation  en résidence à La Rochelle. A ce jour, depuis 2004, nous avons permis à cinq irakiens, journaliste, peintres, responsable de la Bibliothèque Nationale de Bagdad, notre responsable sur Bagdad, de séjourner en France, de rencontrer le public français, de s’exprimer, d’échanger, et de repartir en Irak avec un autre modèle de vie, avec des idées, une expérience nouvelle. Notre objectif est aussi bien sûr, de faire connaître aux Français cette énergie incroyable qui résiste dans ce pays livré au chaos, cette volonté de construire et de vivre "normalement". Nous organisons des expositions d’art contemporain irakien, réunissant cette année trois générations d’artistes, des conférences sur les facettes multiples qui composent l’identité de l’Irak et au-delà notre identité, des concerts organisés par de jeunes scolaires, au profit de l’association… Comment aider un pays sans le connaître? C’est pourquoi il nous faut "éduquer" les Français, les faire sortir des clichés assénés par les médias. C’est donc un rapprochement culturel, un questionnement pacifique de l’autre que nous tentons de développer à travers nos actions en ce moment.

Quels sont vos projets, vos souhaits?

A court terme nous allons renouveler nos invitations lors des Rendez-Vous de Mars 2008, des artistes, ou journalistes irakiens…et nos différentes manifestations culturelles, que nous pensons ouvrir sur Paris, où nous avons des adhérents très actifs. Selon l’évolution de la situation en Irak, nous maintenons notre projet d’inviter des étudiants irakiens en séjour linguistique, universitaire et familial. A long terme, l’un de nos projets phares est de créer dans la ville de Bassorah, au sud, l’Ecole de Langues européennes, déjà baptisée "Edgar Morin" lors du débat organisé à La Rochelle avec ce grand humaniste. Notre plus grand souhait est de retourner sur place et de pouvoir travailler rapidement avec nos partenaires irakiens, et en attendant de meilleurs jours pour eux, de susciter en France, de la part des grandes instances liées à la culture et à l’éducation, une volonté de participer à la reconstruction de l’Irak, à travers la formation des enseignants, des responsables et de tous ceux prêts à relever le défi d’un Irak digne et enfin paisible.

Que vous manque-t-il aujourd'hui?

L’enthousiasme du début ( 2003-2004-2005 ) est retombé et nous avons un gros travail de communication à réaliser auprès des divers médias. Notre site internet est toujours en phase d’élaboration par manque de temps. Nous devons aussi imprimer un dépliant descriptif bilingue franco-anglais afin de rentrer en contact avec un maximum de pays arabes. Tout ceci demande bien sûr de l’investissement humain mais surtout matériel. C’est le lot de toute petite association mais le fait d’œuvrer pour un pays lointain, en proie au chaos, un pays de langue arabe et de large panel culturel, multiplie les difficultés. Mais notre volonté est de tout faire pour assurer un soutien moral et culturel, si isolé soit-il en France, pour maintenir une fenêtre ouverte sur le rapprochement et l’échange ô combien vital pour nous tous, entre nos deux mondes